Avantages et Mise en oeuvre
lundi 8 avril 2013, par Louiss
Les buttes pérennes (méthode Emilia Hazelip revisitée) à fertilité croissante, qui s’amélioreront au fur et à mesure des années, demandant de moins en moins de travail au cours des années, permettent de gagner en surface, de créer des micros climats optimisés, de conserver l’eau tout en évitant les excès, d’optimiser l’espace allées/surfaces cultivées, de ne pas tasser la terre que l’on cultive, de circonscrire les envahissantes, d’obtenir plus de biodiversité et donc de résilience, etc… et c’est beau !
2 grands courants pratiquent la culture sur buttes, le biointensif (agroécologie,…) et la permaculture. Mais les 2 ont des points communs, notamment l’utilisation des buttes (non systématique en permaculture !), la création d’un écosystème complet, l’amélioration de la vie du sol. Dans les 2 cas, on veille aux bonnes associations de plantes, et à avoir une densité optimale de végétation. :
♦ le 1er courant, d’inspiration biointensive, cherche en gros à maximiser le rendement aussi vite que possible en utilisant tous les moyens biologiques à disposition du jardinier. En biointensif, on cultive généralement 2 ou 3 espèces complémentaires sur la même planche, en calculant scientifiquement l’espace dont chacune a besoin.
Ainsi en agroécologie, on aurait tendance à créer des buttes « sandwich » avec inversion des horizons, plus productives dés la 1ere année, mais qui se « dégonflent » rapidement, et restent à « refaire tous les 3 ans…
♦ le 2nd courant, celui qui nous concerne le plus ici, est d’inspiration permaculturel. et va, en pratique, à l’encontre de tout ce que l’on avait l’habitude de faire en conventionnel (càd le bêchage régulier, la monoculture, la terre laissée nue, le « repos hivernal », l’arrachage des « mauvaises herbes », l’arrosage fréquent en surface, etc… sont ici à proscrire !!!)
La permaculture recherche plutôt à éviter les pratiques trop coûteuses en travail, quitte à obtenir un rendement plus faible ou à prendre plus de temps pour obtenir un résultat.
En permaculture, on arrive à un nombre d’espèces encore plus important.
Alors dans un jardin potager classique, on sera tenté de créer des « buttes pérennes à fertilité croissante » (parfois appelées « buttes autofertiles »)…
AVANTAGES DES BUTTES A FERTILITÉ CROISSANTE
(ou buttes pérennes méthode « Emilia Hazelip »), sans inversion des horizons,
pour Potager synergétique (ou Potager du paresseux !) :
♦ tout d’abord on a une augmentation de la surface de culture puisqu’on passe de la 2D à la 3D : la surélévation de notre surface de culture et sa forme convexe multiplie la surface de plantation, et donc la densité des plantes et la surface foliaire.
♦ ensuite elles évitent d’avoir à trop se baisser. La hauteur varie suivant les climats, les besoins, les cultures, la taille de la personne qui aura à se baisser. On peut aussi rajouter des bordures en bois qui tiendront la butte dans le temps et permettront de s’appuyer.
♦ Le mulchage systématique des buttes permet de limiter l’enherbement,
de limiter l’évaporation et donc de presque supprimer l’arrosage,
de fournir en fertilité la butte par humification (décomposition par la faune du sol) de la couche de mulch,
de protéger la microfaune et autres arthropodes et son cortège de bactéries, champignons, rhyzomes et mycorhizes, du gel, du soleil, du dessèchement et de l’érosion.
♦ La terre reste meuble et non piétinée. Alors elle respire mieux et les micro organismes s’y développent plus facilement.
♦ En cas de trop fortes pluies, la butte reste hors-eaux et donc sans risque d’anaérobiose.
♦ Lors de l’élaboration de la butte, on récupère la bonne terre de surface des allées pour la mettre en surface de la terre des buttes, on obtient ainsi 2x+ de « bonne terre » (sans trop d’argile et emplie d’humus). La plus grande profondeur de terre meuble permet aux racines de se développer verticalement, et donc de planter plus serré.
♦ Sur un terrain en pente, elles seront élaborées en perpendiculaire à celle ci pour retenir l’eau de pluie et donc la conserver en réserves profondes et empêcher l’érosion
♦ les buttes donnent aux plantes « envahissantes » des limites faciles à circonscrire (ex : menthe,…)
♦ Le non travail du sol : « Cette capacité alléchante est permise justement par le paillage et la présence forte de la multitude silencieuse, ces jardiniers de l’ombre qui humifient (humidifient aussi d’ailleurs), brassent, mélangent, complexifient et transforment (naturellement) les différents horizons du sol. Ces derniers ne sont jamais dérangés par un quelconque bêchage, même superficiel, et le processus complexe et vital d’aggradation (le contraire de dégradation : accumulation de nutriments et d’éléments) peut se dérouler jusqu’au bout.
♦ La multiplication de microclimats. Suivant l’orientation de la butte (N/S, E/O) on aura des versants plus secs, humides, ombragés, ensoleillés, exposés aux vents dominants, chauds, froids, ce qui permettra d’ajuster au mieux les plantes suivants leurs exigences. De plus le microclimat en sommet et bas de la butte ne sera pas le même (plus d’humidité pour les racines des plantes au centre de la butte ! et au nord.).
Remarque : dans certains cas, on peut avoir intérêt à utiliser d’autres solutions, càd d’autres modes de culture ou d’autres types de buttes, telles que les buttes sandwich si l’on est par exemple directement sur du béton, etc…
MISE EN OEUVRE D’UNE BUTTE PERENNE, A FERTILITÉ CROISSANTE :
Une butte pérenne fait environs 120cm de large, à adapter bien sur selon les situations (possiblement aussi 80cm pour des enfants, 170 en maraichage, etc…)
Les allées font environs 60cm de large
1/ On creuse la terre de surface et l’on réserve cette terre riche et vivante sur une bâche en en retirant la végétation, herbes et autres (sans l’exposer trop longtemps à l’air et au soleil)…
2/ On bêche ou on greline la terre du sous sol pour ameublir et aérer cette terre.
2’/ et en option, on dépose sur ce fond quelques rondins de bois mort (bien pourri si possibles !) entre lesquels on ajoute un peu de feuilles mortes ou de broyat de bois mort, en arrosant le tout généreusement.Ceci constituera par la suite une réserve et une cache humide pour le développement des micro-organismes et notamment des mycorhizes. Mais cette couche ne doit pas être trop épaisse pour ne pas constituer de poches d’air et pour éviter que la butte ne s’affaisse trop au fil du temps…
3/ Puis avec cette terre et surtout celle des futures allées, on forme les buttes
4/ Et sur ces buttes on remet la terre de surface initiale, en conservant ainsi les horizons initiaux. (on peut aussi y ajouter terreau, compost, ou autre « amendement »)
5/ on finira le dessus de la butte par le célèbre « coup du rateau », pour un beau plateau de terre fine
6/ Puis on sème un maximum de grosses graines d’engrais vert, de plantes compagnes, de plantes potagères,
7/ et on MULCH les buttes avec du BRF (ou paille, ou lin ou chanvre, ou feuilles,… mais pas de sciure) pour protéger la micro-faune et les mycorhize,
8/ puis on Mulch aussi les allées, avec ce qu’on a, pour ne pas que tout s’évapore.
9/ et on plante en écartant un peu le mulch.
Voilà c’est fin prêt ! Surtout ne retirer par la suite que ce que l’on mangera, càd en coupant au dessus des racines (salades, poireaux,…), de manière même à ce que ça repousse et parte en graine pour se ressemer seul. On laissera donc sur place tout ce que l’on ne consomme pas – en mulch..
pour entrer dans un grand cercle vertueux !!!
10/ Tu festoy !
Derniers conseils : mettre du BRF si on en a – à la place de la paille sur les buttes, histoire de plus facilement planter, et voir même semer. De plus, le développement des mychorises si importants a besoin de lignine. A voir aussi ce qu’en pensent les limaces !? Ainsi on peut mettre encore un peu de bois mort enfoui au fond de la butte pour aider au développement de ces mychorizes et pour maintenir l’humidité…
Voir aussi : Le « coup du rateau », expliqué par Eric ESCOFFIER http://www.youtube.com/watch?v=QTUOjgsgeoc
Bonjour ,
4 ans que je fais sur buttes (80ml), cette année les hérissons m’enlèvent tout le mulch et bouffent
toutes les salades (même l’endive maintenant) tout protéger me revient trop cher et serait contradictoire. Bref ils viennent surtout pour les vers de terre…eux .
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Argh! Salut Philippe! Dis moi tu les mélanges avec d’autres choses sur une même butte, tes salades et/ou tes endives (tes astéracées, quoi!)? Louiss HELLOUIN
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